Chômage des personnes handicapées : « Un effet plus marqué de la crise sanitaire »

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Selon la Dares, la baisse du taux de chômage des personnes
handicapées n’est pas uniquement liée à une hausse des embauches de
ce public. Elle résulte aussi d’un « comportement de retrait de l’activité »
suite à la crise du covid-19.
À l’approche de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées
(SEEPH) du 20 au 26 novembre, la Dares présente ses derniers chiffres relatifs
aux taux de chômage et d’emploi du public disposant d’une reconnaissance de la
qualité de travailleur handicapé (RQTH).
Il en ressort que, comme l’avait déjà souligné l’Agefiph, le taux de chômage des
personnes handicapées est « en nette baisse » : il est en effet passé de 17 % à
12 % entre 2015 et 2022.
Il reste néanmoins toujours largement plus élevé que la moyenne, puisque dans
l’ensemble de la population active il n’est désormais que de 7 %.
38 % occupent un poste
De même, « ces personnes sont deux fois moins souvent en emploi », souligne la
Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du
ministère du Travail.
Ainsi, en 2022, seules 38 % des personnes reconnues handicapées occupent un
poste, contre 68 % de l’ensemble de la population. Leur taux d’activité (en emploi
ou au chômage) est aussi « nettement plus bas (44 % contre 74 %) » et le chômage
plus souvent de longue durée (5 % contre 2 %).
Un « avant » et un « après » crise sanitaire
Dans une analyse de l’évolution des dernières années, l’étude montre que si,
entre 2015 et 2019, la participation des personnes handicapées « évolue de
manière très similaire à celle de l’ensemble de la population », ce n’est plus le cas
après la crise sanitaire.
Alors qu’avant la pandémie de covid-19, leur taux de chômage avait baissé de
près de 2 points comme pour l’ensemble de la population, leur taux d’activité (en
emploi ou au chômage) est resté, en 2022, inférieur de 0,8 point à celui de 2019.
À l’inverse, dans l’ensemble de la population, ce taux a dépassé d’1 point son
niveau d’avant crise.
Autre chiffre illustrant ces contrastes : le taux d’emploi des personnes
handicapées a, entre 2019 et 2022, progressé (+0,8 point) « dans une moindre
mesure que pour l’ensemble de la population (+1,8 point) ».
« Retraits d’activité plus marqués »
Pour l’auteur, ces différences proviennent de deux facteurs : d’une part, « la
population handicapée est en moyenne plus âgée que l’ensemble des personnes en
âge de travailler, dont le taux d’activité est pour partie soutenu par le développement
de l’apprentissage parmi les plus jeunes ».
D’autre part, les personnes handicapées « sont potentiellement plus sensibles à la
situation sanitaire, ce qui peut les conduire à des retraits d’activité plus marqués et
plus durables ».
Un léger mieux en 2023
Dans ce contexte, « la nette baisse du chômage des personnes reconnues
handicapées entre 2019 et 2022 (de 15,4 % à 12 %) provient pour moitié de la
progression de l’emploi et pour moitié d’un comportement de retrait de la population
active », poursuit l’auteur.
Ce retrait – les personnes ne sont alors plus ni au chômage ni en emploi,
rejoignant ainsi la population inactive – ne serait toutefois que « temporaire »
puisque « le déficit de participation des personnes handicapées (…) se résorberait
progressivement durant la première moitié de l’année 2023 ».
Moins diplômés
Enfin l’étude livre des éléments sur les caractéristiques des travailleurs reconnus
handicapés, qui « évoluent peu au cours des dernières années ». Plus âgés que la
moyenne des actifs, ils sont aussi moins diplômés et occupent plus souvent des
postes d’employés (35 % en 2022 contre 26 % pour l’ensemble) ou d’ouvriers
(27 % contre 19 %) et moins fréquemment de cadres (10 % contre 22 %).
Souvent à temps partiel (33 %), leur état de santé « perturbe l’exercice de leur
activité professionnelle » : en 2022, 15 % des salariés handicapés sont ainsi en
arrêt de travail toute la semaine au cours de laquelle ils ont été interrogés.