À l’occasion de l’Université des référents handicap de Bordeaux, nous avons pris le temps de poser quelques questions à Christophe Roth, président de l’Agefiph et organisateur de cet événement.
L’URRH, malgré un contexte social difficile a su rassembler de très nombreuses personnes avec un fort taux de participation, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis ravi que ces URRH aient pu se tenir en présentiel et en distanciel. Ce que cela m’inspire, c’est une satisfaction et une fierté pour l’Agefiph qui sait être présente pour accompagner les entreprises dans leur prise en compte du handicap. Le bilan est positif lorsque l’on regarde les chiffres, sur les deux jours, ce sont 700 personnes qui sont venues sur place et plus de 4000 qui étaient en visio. Dans un contexte compliqué que nous connaissons, je constate que le rendez-vous était attendu. Je m’autorise à penser que l’URRH correspond à une véritable demande d’information et de professionnalisation sur le sujet du handicap, dans le monde de l’entreprise, comme des organismes de formation. Je me félicite que la ministre, Madame Géneviève Darrieussecq, ait pu répondre à notre invitation. Tout comme l’a fait Marie-Anne Montchamp, directrice générale de l’OCIRP et ancienne ministre qui a présidé le prix Activateur de progrès.
J’ai pu échanger également sur place avec des représentants de la mairie, et notamment l’adjoint au maire en charge des politiques handicap. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer le président directeur général d’Okapia, qui est l’opérateur de compétences pour la coopération agricole, l’agriculture, la pêche et l’industrie agroalimentaire.
L’Agefiph doit continuer de grandir pour développer l’emploi des personnes en situation de handicap dans le monde du travail et cela passe par le développement de son action dans les territoires.
Dans cet esprit, je suis allé à la rencontre d’une entreprise à Mérignac, où j’ai pu rencontrer des personnes en situation de handicap, les services ressources humaines et bien sûr le président directeur général qui nous a présenté la politique handicap qu’il met en œuvre au sein de sa société.
Dans les différents thèmes abordés lors de l’URRH, il y avait le handicap psychique, le handicap cognitif et le handicap invisible. Est-ce que ce sont d’après vous les derniers obstacles à franchir dans les entreprises ?
Le handicap invisible par essence ne se voit pas et peut être synonyme d’incompréhension, d’interprétation, voir même de difficultés dans le monde de l’entreprise comme dans la société. Je pense que l’Agefiph a un vrai rôle à jouer pour soutenir les entreprises, dans l’appropriation du suivi du handicap invisible. Cela peut entraîner des conséquences dans l’entreprise et Il nous faut donc démystifier le sujet du handicap invisible. La personne handicapée peut aussi avoir des difficultés à parler de son handicap et mal vivre une situation qui la met en porte-à-faux. Il est important de savoir parler de son handicap invisible pour éviter l’isolement et pouvoir bénéficier du ou des aménagements de poste de travail qui seraient nécessaires.
L’URRH est une occasion de parler de ce sujet à travers des ateliers de sensibilisation aux différentes formes de handicap. Donc ça passe par des opérations telles que l’URRH et notamment à travers ses ateliers, sensibiliser aux différentes formes de handicap et leurs conséquences.
Communication interne et témoignages personnels sur le handicap dans l’entreprise sont des sujets importants, est-ce que c’est la clé d’une bonne inclusion dans l’entreprise ?
Ce qui peut faire grandir la juste place de chacun en entreprise ou en société, ce sont les retours d’expérience, les témoignages et des témoignages qui ne sont pas imposés mais volontaires. Cela permet de contribuer à une meilleure connaissance du sujet. Mais au-delà, cela permet aussi de gommer tous les non-dits concernant le handicap invisible. Parler, expliquer les réalités des handicaps en entreprise, permet en fin de compte de lever les idées reçues et sans doute que cela vient de faciliter la vie en entreprise.
Dans les intitulés des ateliers, j’ai identifié des termes liés au handicap tels qu’entreprise idéale, levier de performance des entreprises. Ne prête-t-on pas aux personnes handicapées des vertus un peu surdimensionnées par rapport à la réalité ?
Peut-être oui, mais ce sont des axes d’ouverture à la diversité centrés sur l’inclusion de tous. Et l’inclusion de tous, ce n’est pas forcément quelque chose de possible, je ne suis pas un doux rêveur. Une entreprise qui s’ouvre à la diversité et à la différence ; nous le voyons à travers les exemples des prix Activateurs de progrès, qui ont été remis lors de l’URRH. Ils illustrent la capacité des entreprises à recruter des potentiels, des compétences et des profils multiples utiles à l’entreprise, à la compétitivité et qui peuvent jusqu’à un certain niveau améliorer le climat social et le bien-être au travail.
Les référents handicap, qui sont au cœur de cette université, ont à la fois le rôle de leader d’une politique handicap dans leur entreprise tout en étant des salariés avec d’autres fonctions. Comment peuvent-ils conjuguer ces deux missions et faire pencher la balance du côté du handicap ?
Je salue la loi du 5 septembre 2018 « Choisir son avenir professionnel » qui a mis en place dans les entreprises de plus de 250 salariés et dans les organismes de formation l’obligation de désigner un référent handicap.
Même si une direction générale d’entreprise peut estimer peu important le rôle du référent handicap, ce sujet me paraît central et important. Il est pris en compte de manière très sérieuse par les partenaires sociaux quand ils négocient une politique handicap en entreprise. Il y a une obligation à agir et à présenter des résultats qui montrent l’implication de toutes les entreprises, l’implication de tous les dirigeants, mais aussi l’implication les référents handicap qui sont en entreprise, comme de l’ensemble des partenaires sociaux qui négocient les politiques handicap en entreprise.
Il y a aussi, depuis 2018, un élan dans le monde du travail, enfin. Les salariés et les organisations syndicales représentatives du monde du travail sont également force de proposition sur le sujet du handicap. Et on l’a vu encore récemment sur les sujets du prix Activateur de progrès, il y a une véritable volonté de faire bouger les choses dans les entreprises.
Je le vois au quotidien, les entreprises veulent recruter les talents et les compétences des personnes en situation de handicap.
À la suite d’un événement comme l’URRH, qui a trouvé sa place dans le paysage et qui draine beaucoup de monde, quelles sont les attentes spécifiques ou génériques d’un tel événement ?
Il y a de fortes attentes mais celle qui me semble importante, c’est de garder à l’esprit que l’Agefiph est un acteur incontournable de la politique handicap sur notre territoire, tout comme au niveau des territoires ultramarins.
Il s’agit en fin de compte de poursuivre la mission de professionnalisation des référents handicaps dans le monde du travail, donner davantage d’outils pour faciliter les missions des référents handicap en entreprise. C’est aussi et bien sûr de participer d’une manière active et concrète au plein emploi et faire évoluer durablement le taux d’emploi des personnes en situation de handicap. C’est également contribuer à l’inclusion d’une personne en situation de handicap qui n’a jamais travaillé pour son premier poste.
Pour en savoir plus sur l’URRH : https://agefiph-universite-rrh.fr/par